Le caribou de Charlevoix – une réintroduction réussie qui n’a pas durée…!
Au début des années 1800, un important déclin des populations de caribou a été observé en Amérique du Nord. Ce déclin, particulièrement important à la limite sud de la forêt boréale, près des secteurs densément peuplés, est à l’origine de l’isolement de la population de Charlevoix. Par la suite, l’expansion rapide des activités humaines, comme l’augmentation de la chasse du caribou, la destruction de l’habitat par l’exploitation forestière et l’augmentation de la prédation par le loup et de l’ours, a généré une importante diminution du nombre de caribous. À cet égard, la tradition orale huronne-wendat concorde avec la littérature scientifique. En effet, il est bien documenté que les chasseurs hurons-wendat observaient, au début du 20e siècle, une importante diminution de la population de caribou dans le Nionwentsïo qu’ils associaient à une augmentation significative de la population de loups.
Cet important déclin a été suivi d’une réintroduction dans les années 1960. Pour ce faire, des caribous ont été capturés à près de 700 km au nord-est de Québec et 85 caribous ont été remis en liberté dans Charlevoix. À partir de la réintroduction, la population de caribous a été en constante augmentation, ce qui témoignait du succès de cette réintroduction. Cependant, depuis 1992 le nombre d’individus ne fait que diminuer, à un point tel que depuis 2003, le caribou est considéré comme une espèce en péril au Canada et depuis 2005 comme une espèce vulnérable au Québec.
Tableau démontrant l’évolution du nombre de caribous dénombrés durant les repérages et les inventaires aériens de la population de Charlevoix 1973-2021 (tiré de (Hins, 2021)
Depuis la réintroduction des caribous, les forêts dans Charlevoix ont beaucoup changé dû principalement à l’exploitation forestière, mais aussi en raison d’une épidémie de tordeuse des bourgeons de l’épinette et des feux de forêt. Dans Charlevoix, ces changements ont perturbé et transformé l’habitat de la population de caribou de Charlevoix. Les coupes forestières et les jeunes forêts sont des peuplements forestiers recherchés par l’orignal. Par conséquent, la population d’orignaux a significativement augmenté, entraînant avec elle une augmentation de prédateurs sur le territoire, soit le loup gris et l’ours. Ces derniers en plus d’être plus nombreux sont également plus efficaces puisque l’exploitation forestière s’accompagne d’un important réseau de chemins forestiers. Les loups et les ours, en utilisant les chemins forestiers, ont plus de facilité à se déplacer, peuvent parcourir de plus grande distance et ont plus de facilité à trouver leur proie. L’ensemble des proies, et particulièrement le caribou, se trouvent affecté.